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Le blog de William Webb Ellis
21 septembre 2007

Le vert est dans le fruit interdit

"Les Irlandais ont perdu bien des batailles, mais jamais craint la défaite, seulement la résignation". Cette formule de Jean Lacouture me semble à la fois bien résumer l’âme irlandaise et, a contrario, les risques qui pèsent sur le XV de France qui en a gagné des batailles célèbres, mais qui, un funeste vendredi de septembre, a aussi montré qu’il pouvait craindre la défaite et faire preuve d’une forme de résignation, au moins tactique.
Entre ces deux nations, mon cœur balance. Si mon corps est resté ad vitam eternam dans la patrie de Voltaire et de Victor Hugo, il existait déjà avant de naître dans celle d’Oscar Wilde et de Bernard Shaw. Allez, je peux commencer à vous faire quelques confidences : j’ai du sang irlandais dans ce qui fut mes veines, et ce ne fut pas complètement un hasard si un jour j’ai ramassé ce diable de ballon, à l’époque rond comme ma pomme après une grosse troisième mi-temps. De sorte que gamin, j’avais déjà tâté du "cad" avec mes cousins, qui pourrait s’apparenter non pas à un ancêtre du sport, mais quand même à un dérivé de ce jeu dangereux qui s’est décliné un peu partout depuis les Romains, chez vous avec la Soule.

L’Irlande, c’est d’abord un stade, Lansdowne road, que je n’ai découvert qu’en 1961. Jusqu’alors, de ma tombe oubliée, j’en avais entendu parler, sans en saisir la caractéristique. Ce qui me démangeait à l’époque (entre autres…), c’était surtout les raisons qui faisaient que le XV au Trèfle jouait dans cette petite enceinte alors que le Croke Park Stadium était plus approprié.
Vous avez tous entendu parler cet hiver, lors du dernier Tournoi, de ce terrible 21 novembre 1920 durant lequel, j’ai encore peine à le dire, l’armée britannique tira sur la foule dans le stade de Croke Park, faisant 14 victimes, dont deux enfants et un joueur de Dublin. Ce même jour, le tristement célèbre "Bloddy Sunday", 30 personnes furent tuées parmi les deux communautés en guerre. Depuis, il avait été décidé que plus jamais une équipe anglaise ne foulerait cette pelouse.
Même si c’est pour une raison bien vénale – détruire Lansdowne road pour faire un stade avec des loges -, ce "jamais" n’aura pas duré. Pas étonnant : jamais et toujours sont des mots pour nous là-haut, pas pour vous qui n’en avez pas idée. Passons.
Lansdowne road, ses tribunes et même ses sièges en bois, ses spectateurs pouvant respirer le même air que leurs joueurs, sa ligne de chemin de fer qui passe sous la pelouse, tout ça, c'est terminé.

L’Irlande, ce sont aussi de sacrés guerriers, terribles combattants, qui par exemple ont toujours réussi à sortir de sacrés talonneurs. Vous en connaissez tous, plutôt que revenir sur celui des années 90 (qui ?), ou des années 80 (qui ?), rappelez-vous les 70's et ce diable de Kennedy, qui ne s’arrêtait jamais avant le coup de sifflet final. J’ai retrouvé avec une certaine émotion une vidéo d’un match auquel j’avais à l’époque assisté, France – Irlande 1968. Roger était déjà là, mais à l’époque, on ne se connaissait pas.
J’ai choisi cet extrait (il y a dix minutes mais vous pouvez voir le match en entier,… en payant) pour différentes raisons. Pour Ken Kennedy d’abord, diable vert en chef, qui peut résumer par son jeu ce à quoi les Français doivent s’attendre au Stade de France.
Pour Roger ensuite, parce que c’est amusant de le réécouter ainsi, s’extasier devant son "stylo"  spécial qui permet d’insérer la composition d’équipe sur l’écran TV, mais aussi parce qu’il lui arrive quelques trucs à la fin. Lui aussi en rigole maintenant surtout que cette cuvée 1968 du Tournoi fut pour les Bleus énorme, puisqu’ils conquièrent, contre toute surprise, leur premier grand Chlem.
Roger encore, parce que ça me permet de rappeler au passage que notre cher Couderc n’allait pas tarder à vivre après cette épopée une traversée du désert de sept ans, puisqu’il fut viré de l’ORTF après mai 1968. Pourquoi ? On se le demande encore.

Cet extrait aussi pour revoir des trucs qui me remontent un peu le moral ce soir. Ces mêlées improbables. Ces touches impossibles. Cette lenteur, ce combat, la tenue de l’arbitre, qu’on prend pour un joueur français etc. Charmant isn’t it ?

 

Et aussi parce qu’il m’était difficile de trouver des images du seul grand Chlem du XV d’Irlande, ce qui est d’autant plus regrettable que celui-là, je ne l’ai pas vécu. Bin oui, en 1948, j’étais encore complètement oublié dans ma concession de Menton.

Un qui l’a connu par contre ce grand Chlem 48, qui en fut même le principal artisan puisque tout le jeu du trèfle était basé sur le sien, c’est Jack Kyle, certainement le meilleur arrière que cette sélection n’ait jamais connu. C’était un prêcheur laïque protestant de Belfast, qui n’avait pas son pareil pour endormir les défenses avant de surgir comme un fauve (j’allais dire un Puma !). Quand il avait le maillot vert sur les épaules, il devenait surtout le premier des Irlandais, toute religion confondue.
Tout ça pour dire que les trois-quarts irlandais, ben ils ont tous un peu de Jack Kyle en eux si vous voyez ce que je veux dire. Et si vous n’avez pas compris, retenez ce que disait Kyle : "En Irlande, l’inévitable n’advient jamais, mais l’inattendu arrive souvent."

Alors, ce match France – Irlande, dans ce rugby qui n’a plus rien en commun si ce n’est la passion, je ne sais trop quoi en penser. Demain, à pareille heure, certains seront lynchés ou encensés. Lesquels ?
Je n’ai rien à dire sur les compositions. Tout juste me suis-je fait la réflexion qu’Ibanez a dû briefer ses coéquipiers sur le jeune Eoin Reddan. Je signale juste qu’avant de mettre sur la touche Stringer en sélection d’Irlande, Reddan a pris la place de Dawson aux Wasps… Tous deux sont certes vieillissants mais quand même.
Les deux charnières ont un rôle terrible à jouer, ça va être intéressant. Mais le match va se jouer selon moi dans les prestations de la deuxième ligne irlandaise et de la troisième ligne française.

Un pronostic ?
Juste pour dire que pour trois petits points d’avance sur l’Irlande, la France a gagné le Tournoi 2007. L’Irlande a gagné en Ecosse, au Pays de Galles, en Italie, et a mis 40 points aux Anglais à Croke Park. Elissalde a raison de se montrer méfiant.

Mais les Bleus aussi, ont une histoire et des moyens. Petit florilège non exhaustif et complètement subjectif : ça. Et puis ça. Et encore ça. Ah, j’allais oublier ça. Mais mon préféré, c’est celui-là.

Quant au soit-disant nouveau look de Chabal, hum… Pierrick, pour une fois pas rassuré, me souffle à l’oreille : "Il ne connaît pas l’histoire de Samson ?". Allons, Pierrick, allons, tu te trompes d’époque : au XXI° siècle, Dieu est mort, il a été remplacé par Mark Eting. Et Sébastien est beaucoup plus malin que ton Samson.

Voilà pour moi.
La dernière fois en RWC, ça s’était passé comme ça. Bon match. Que le meilleur gagne.

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Commentaires
G
On est en finale, on est en finale, on est, on est, on est en finale!<br /> Ah non, merde, faut passer les blacks....<br /> <br /> J'ai bien aimé le matchs, un peu laborieux et tendu au début, nos joueurs ont rendu une copie trés propre face a des irlandais toujours pas réveillés.<br /> <br /> Bien!<br /> <br /> Les 3 jours de repos accordés aux joueurs ne seront pas du luxe pour préparer le 1/4 qui, selon toute vraissemblance, se jouera à Cardiff contre une obscure équipe de l'hémisphère sud...
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